Page 68 - PetiteJeanne
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dans les maisons de paysans, et auquel Jeanne tenait beaucoup par propreté. Au-dessus, deux chambres
et un petit escalier pour aller au grenier; car Jeanne trouvait bien laid pour une femme de monter à
l'échelle. Mais il fallait au moins quinze cents francs pour bâtir cette maison, et grand Louis trouvait
que c'était bien lourd pour sa bourse. Maître Tixier lui dit:
«Ne t'en inquiète pas, grand Louis; je te prêterai sept cents francs remboursables en sept ans, et comme
j'aime à être payé exactement, je te les ferai gagner; de cette façon, tu pourras conserver un peu
d'avance.
--Mon Dieu, que vous êtes bon, notre maître! dit Jeanne; quand je serai dans notre maison, je penserai
toujours que c'est à vous que je dois mon bonheur.»
On commence la maison de Jeanne.
«Puisque vous voulez bâtir, mes, enfants, dit maître Tixier en rentrant chez lui, commencez donc tout
de suite; pour qu'une maison soit saine, il faut qu'elle sèche au moins pendant un an. Grand Louis, ce
n'est pas encore le temps des foins; profite de ce qu'il n'y a pas grand'chose à faire ici pour te procurer
des matériaux.
--Notre maître, je vais prendre le père Darnaud, qui a un bon cheval et qui me conduira tout ce qui est
nécessaire. Il n'est pas juste que j'emploie pour moi le temps que vous me payez.
--Et moi, je te dis qu'il est juste d'aider un brave domestique qui m'a servi pendant quinze ans; je
n'entends pas que tu te serves d'autres bêtes que des miennes.»
Maître Tixier fit faucher le sainfoin qui était dans le champ de Jeanne, et l'on mit les ouvriers à creuser
les fondations. La bâtisse allait son train; et quand Jeanne n'avait rien à faire, elle promenait la petite
Nannette jusque là; si les ouvriers ne comprenaient pas bien le plan de Mme Isaure, elle le leur
expliquait.
Après la moisson, l'on posa la charpente; mais l'on n'enduisit pas encore les murs, afin qu'ils eussent le
temps de sécher entièrement jusqu'au printemps suivant. Quand la maison fut couverte, Jeanne dit qu'il
fallait bêcher le jardin, afin de le planter à l'automne.
«Je veux beaucoup d'arbres fruitiers, dit-elle, et de toutes les espèces. Il y en aura au bord des allées
qui couperont le jardin en quatre carrés, et puis dans celle qui en fera le tour; et je veux des pêchers le
long du mur au midi, et des treilles qui garniront notre galerie.»
Maître Tixier s'étonne que Jeanne veuille tant d'arbres
dans son jardin.
«Que veux-tu donc faire de tous ces arbres, ma Jeanne? lui dit son maître.
--Un jour ils rapporteront, notre maître; et ce sera le profit de Nannette, qui vendra leurs fruits à la
ville. Vous verrez comme elle sera fière de vous porter ses premières pêches!
--Et comment empêcheras-tu ton bétail de mettre le jardin en friche?
--Mais la porte de l'étable donne sur le côté et au couchant; on fermera la petite cour, et aucun animal,
pas même les poules, ne viendra dans mon jardin. C'est votre gendre qui m'a donné cette idée-là, quand
je lui ai dit combien je trouvais désagréable d'avoir le fumier devant ma porte pour empester ma
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