Page 9 - PetiteJeanne
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Et elle montra le bijou, qu'elle avait enveloppé d'un chiffon bien blanc.
«Justement! c'est le bracelet que madame a perdu hier en se promenant avec les enfants! Elle va être
bien contente de le retrouver; car nous l'avons cherché jusqu'à la nuit. Je vais le lui porter: en attendant,
ma brave femme, asseyez-vous sur le banc. Petite, viens avec moi, tu rendras toi-même le bracelet à
madame.»
La petite Jeanne regarda sa mère, qui lui dit:
«Va, ma fille, et sois bien honnête.»
Madame Dumont.
La servante prit Jeanne par la main et la fit entrer dans la maison. Elles montèrent un grand escalier et
traversèrent une chambre pleine de beaux meubles. Jeanne ouvrait de grands yeux, car elle n'avait
jamais rien vu de semblable. Elles entrèrent dans une autre chambre où il y avait deux lits tout blancs.
Mme Dumont était occupée à peigner les cheveux blonds d'une petite demoiselle qui était de l'âge de
Jeanne, et qui se mit à dire:
«Ah! maman, la jolie petite fille; voyez donc!»
Mme Dumont leva les yeux, et sa servante lui dit:
«Cette enfant a trouvé le bracelet de madame et vient le lui rapporter. Allons, petite, avance donc;
madame est bien bonne; n'aie pas peur!»
Jeanne se laissa mener par la servante en tenant la tête baissée et sans oser seulement lever les yeux.
La dame lui dit:
«Tu ne sais pas tout le plaisir que tu me fais, mon enfant, en me rapportant ce bracelet. Qui es-tu
donc?»
Comme Jeanne ne disait rien, la servante répondit pour elle:
«Madame, sa mère est en bas à la porte; c'est une pauvre femme qui demande son pain.
--Je descendrai la voir aussitôt que j'aurai relevé les cheveux d'Isaure.
--Madeleine, s'écria la petite demoiselle blonde, j'espère que tu ne diras plus que le vendredi est un jour
de malheur: tu vois bien que l'on peut être heureux ce jour-là tout comme un autre.
--Et je ne veux pas qu'il n'y ait de bonheur que pour moi aujourd'hui, ajouta Mme Dumont; cette
pauvre femme sera bien récompensée.»
Mme Dumont descendit alors, suivie d'Isaure et de la servante, qui tenait toujours Jeanne par la main.
Quand elle fut arrivée au bas de l'escalier, elle appela Catherine, et, la voyant si pâle, elle la fit asseoir.
«Où avez-vous donc trouvé mon bracelet?
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